[ Viralité ] Le virus qui nous assaille est une catastrophe planétaire. Mais dans toute crise, il est des desseins imprévisibles, des rebonds non calculés et cette part d’inattendu permet de repousser les limites du possible. Eclairage rédigé depuis mon cocon ouaté, en mode chrysalide.

Le Cygne noir, cet événement supposé improbable

Dans l’Ancien Monde il était convenu que tous les cygnes étaient blancs, jusqu’à la découverte de l’Australie et des Cygnes noirs, mettant en évidence la fragilité des savoirs et des connaissances scientifiques.

Un cygne noir fait depuis référence à tous les événements qu’on pensait impossibles et qui redéfinissent notre compréhension du monde. Un cygne noir présente les caractéristiques suivantes :

  • Il s’agit d’une aberration, d’une anomalie.
  • Son impact est extrêmement fort.
  • Sa prévisibilité est rétrospective, et non prospective.

D’apparence aléatoire, le cygne noir a, souvent, de profondes répercussions dans votre vie, mais aussi dans l’économie et la société ! Les attentats du World Trade Center en 2001, la crise de Lehman Brothers en 2008, le BREXIT en 2018 en sont les exemples les plus édifiants et médiatisés. La crise du COVID-19 est bien évidemment, et même avec si peu de recul, un “cygne noir”. Alors comment réagir à cette crise ? Comment s’adapter dans l’immédiat et au-delà ?

Le passage à la règle nécessaire du confinement nous pousse à la métamorphose – aux métamorphoses réfléchies. Cette opportunité doit être saisie par chacun, individu et collectifs : en plusieurs phases, toutes bienfaitrices et porteuses d’espoir à terme.

Phase #1 : C’est la crise ? Je m’adapte.

S’inspirer de ce virus, en mode constructif, c’est répandre la bonne graine. C’est provoquer le mimétisme de nos entourages en usant de ses talents, de ses idées, de sa volonté farouche de ne pas baisser les bras. La contagion s’applique aux bonnes pratiques et aux réussites : voyez plutôt en réaction au confinement, ce qu’il convient d’appeler la capillarité positive.

Les sociétés, les associations, les collectifs souhaitent agir dans le bon sens. Prévention, conseil, information ou divertissement, les marques peuvent mettre leur notoriété au service du bien commun – ou chercher à l’augmenter – en apportant de nombreux bienfaits dans un contexte exceptionnel : offres gratuites, mises à disposition d’informations, de services et de moyens sont innombrables.

“Dès le début de l’épidémie, Doctolib a mis son service de consultation vidéo à disposition des médecins pour remédier à l’urgence. Mais la dématérialisation n’a pas le monopole de la solidarité, ainsi, plusieurs syndicats de taxis se mobilisent pour transporter gratuitement le personnel de santé. Idem du côté des sites événementiels qui mettent à disposition des autorités sanitaires leurs compétences et leur matériel.” Gilles Reeb, cofondateur d’Uzful.

On peut évidemment se demander si ces réactions sont le fait d’un simple «coronawashing» : au-delà d’un marketing opportuniste, bon nombre d’entreprises se sont réellement adaptées pour apporter leur pierre à l’édifice et soutenir l’effort du collectif, et cet effort est louable.

Méthode de télétravail, appels à contributions, éclosions de vidéos virales où chacun partage son good will : on passe, avec ce choc du confinement nécessaire, d’un travail in situ à des journées de télétravail, de l’event à l’e-event, du sprint au marathon, de l’individualisme forcené aux solidarités connectées.

Phase #2 : De l’adaptation à l’appropriation

Individu, entreprise, projet, process, flux, méthodes, objectifs : tout doit s’adapter. Nous savons que nous sommes conçus pour nous adapter.

“… Nous avons des organes, nous possédons tout un système spécialisé qui nous rappelle inopinément et très fréquemment au nouveau, qui nous presse de trouver l’adaptation qui convient à la circonstance, l’attitude, l’acte, le déplacement ou la déformation, qui annuleront ou accentueront les effets de la nouveauté. Ce système est celui de nos sens. L’esprit emprunte donc à la sensibilité qui lui fournit ses étincelles initiales, ce caractère d’instabilité nécessaire qui met en train sa puissance de transformation.” Paul Valéry, Variété 3, La Politique de l’esprit, 1936, page 212.

Dès lors, au-delà la somme des peurs, surgit patiemment le temps des réflexions, de l’appropriation de la chrysalide et de sa mutation, l’analyse du passé et du présent, pour mieux imaginer les futurs conditionnels.

Où en étais-je avant cette crise ? Comment mesurer ma place dans le monde économique, mon activité, mes partenaires, mes réseaux, mes ressources, mes forces et faibles, mon capital humain, mes alliances économiques, mes frontières, et en filigrane mon fond propre, ma capacité au changement. La prise de conscience d’un nouvel ordre mondial émergeant nous pousse à muer de gré ou de force.

Analyser, trier, prioriser, traiter, compter, imaginer, dessiner et designer les traits de l’éclosion à venir. Qualifier les contacts, quantifier les moyens, rabattre les vues, visionner les possibles. Déformer, déréguler, dissocier, disrupter… innover !

Nous avons survécu à d’autres Cygnes Noirs. Gageons que de tous les cocons sortent les ailes de papillons bienveillants et constructifs.

Vos avenirs professionnels nécessitent une aide à l’idéation ? Une facilitation collective ? Un design ? Le développement de nouvelles méthodes ? N’hésitez pas à nous consulter nous aurons toujours une innovation pour vous.

 “Ce qui fait l’homme, c’est sa grande faculté d’adaptation.” – Socrate

Texte Jean-François Sales

Illustration Eddy Garcia